La vie ne prend jamais la tournure que l'on souhaite. C'est triste, mais c'est la réalité. Il faut croire que notre famille n'était pas destinée à avoir des moments de bonheur. Cette "malédiction" sur mes épaules, comme je l'aime l'appeler, a pointé son visage très jeune déjà. Je n'ai pas vécu la perte de ma petite soeur et de mon petit frère, je n'étais pas dans la voiture ce jour-là. Seulement, lorsque je l'ai appris, je ne pourrais décrire le mélange de haine, de peine, de culpabilité qui envahissait mon âme. De plus, voir mon autre soeur, Emilia, anéanti à ce point.. elle avait vécu l'accident, elle était présente dans la voiture lors de cet accident et aucun de nous ne savait comment faire pour calmer sa douleur. Le temps, sûrement, pourrait fixer beaucoup de choses, elle était jeune, le traumatisme avait moins de difficultés à prendre de la place dans sa tête.
Ce premier accident avait beaucoup bouleversé notre famille. J'étais le moins touché psychologiquement, n'ayant pas été dans la voiture, mais cela ne m'empêchait pas de pleurer chaque jour, lorsque je réalisais au réveil qu'il manquait deux personnes au déjeuner.. Il me fallut, pour ma part, deux ans avant d'accepter de me rendre au cimetière. J'étais jeune, je trouvais le cimetière morbide, je ne supportais pas l'air qui flottait à l'intérieur. A mes 15 ans, je fis mon premier pas devant leurs tombes. Inévitablement, je tombai à genoux et fondit en larmes. Chaque jour je revenais à présent. J'arrivais à mieux maîtriser ma peine, du moins elle était moins voyante par les autres. Je devais être fort, ma petite soeur avait toujours du mal à surmonter cet événement, ce qui était compréhensible, mais c'est pour cela qu'il ne fallait pas que je sombre aussi. Après tout, je suis le grand-frère, c'est mon rôle. Notre père ne facilitait pas la chose, il voulait constamment contrôler nos vies, il était dur, particulièrement avec Emilia. Qu'est ce qui le poussait à se comporter de la sorte ? Il voulait sûrement éviter un nouvel accident au sein de la famille. C'était débile, mais un père ferait n'importe quoi pour protéger sa famille, surtout après avoir perdu deux enfants. Les tensions entre lui et moi était moins importante qu'avec Emilia, je me contentai de le supporter. Il était moins dur avec moi, je ne savais pas pourquoi.
Un nouvel événement dans ma vie, positif cette fois, m'ouvrait une porte de sortie, une chance de souffler un bon coup. J'avais croisé une fille, un soir comme un autre dans un bar, et le courant était immédiatement passé. Quelques mois plus tard, elle m'annonça qu'elle attendait un enfant. J'en profitais pour la demander en mariage et louer un appartement. Tous s'était passé très vite et mes choix étaient sûrement insensés, mais je l'aimais plus que tout, et c'était réciproque.
Neuf mois plus tard, j'étais l'homme le plus heureux du monde, je venais d'amener celle qui partagée ma vie à l'hôpital. Ma joie disparut très rapidement lorsque les premières complications lors de l'accouchement alertèrent les médecins. Ils me demandèrent de quitter la pièce et d'aller en salle d'attente. Je ne comprenais rien, j'avais seulement ce sentiment au fond de moi, un mauvais présage. Une demi-heure plus tard, le médecin en charge se présenta devant moi, m'annonçant le charabia habituel, ils avaient fait tout ce qu'ils pouvaient mais elle ne s'en était pas sortis, le bébé non plus.. Je ne pourrais jamais oublier ce moment, j'avais retourné la salle d'attente tellement la haine parcourait mon corps. Les agents de sécurité avaient dû intervenir pour me sortir de l'enceinte, histoire que je prenne l'air.
Ce ne fut que quelques jours plus tard que j'avais enfin réalisé, lorsque je me retrouvai au cimetière, à genoux devant le cercueil.. Je n'avais que dix-neuf ans et ce cimetière regroupait déjà mon petit frère, ma petite soeur, ma fiancée et mon enfant. Les mois suivants ce nouveau drame, j'étais devenu un fantôme pour mon entourage, restant enfermé dans mon appartement à vider des bouteilles et des paquets de clopes. Les lumières restaient éteintes, les volets fermés, la porte verrouillée. Emilia était la seule personne à avoir des nouvelles, lorsqu'elle venait à l'appartement je lui ouvrais, à elle et seulement elle. Elle essayait tant bien que mal de me remonter le moral et sa présence me rassurait, mais une fois qu'elle quittait l'appartement, je reprenais une bouteille en main.
Un secret de famille fit surface quelques années plus tard. Emilia et moi n'avions pas le même père. Notre mère l'avait trompé et de cet adultère était née Emilia, ma demi-soeur donc. Certaines choses devenaient plus claires d'un coup, je parvenais mieux à comprendre pourquoi mon père était plus laxiste envers moi, il en "voulait" sûrement à ma mère et Emilia. Pour moi, rien ne changeait, même père ou non, Emilia était ma petite soeur.
Elle prit alors la fuite, ne pouvant plus vivre ici. Je la comprenais, trop de choses lui étaient tombés dessus ces derniers temps. Les au revoir fut difficile, et une fois monté dans l'avion, je la regardais partir avant de retourner à ma vie. J'avais légèrement remonté la pente, je ne m'apitoyais plus sur moi-même. Les fantômes de mes proches me hantaient toujours mais je faisais avec, luttant pour ne pas retomber dans l'alcool. Plus les jours passés et plus je me demandais pourquoi me battre, pourquoi lutter dans cette ville ? Je n'arrivais pas à aller de l'avant avec ce sentiment de malédiction, de tristesse et de haine que je ressentais à chaque pas.
Le lendemain, j'étais déjà dans l'aéroport. Mon billet affichait "Winchester". Il fallait que je parte à mon tour, Emilia avait été plus intelligente que moi en le faisant au bon moment. Je ne connaissais pas vraiment grand-chose en dehors de l'Espagne, et dans sa dernière lettre, Emilia me parlait de cette ville du Royaume-Uni. Le coin semblait pas trop mal et elle s'était fondé une nouvelle vie là-bas. Peut-être aurais-je autant de chance.
Ma petite soeur m'attendait déjà à l'aéroport. J'étais tellement content et soulagé de la revoir. Depuis son départ, on ne s'était pas revu, toutes nos conversations s'étaient faites par l'écrit ou le téléphone. Ma première semaine à Winchester avait été entièrement consacré à Emilia, elle m'avait fait découvrir la ville, elle me fit faire connaissance avec son petit-ami, Ryan et ce genre de choses.
J'avais déjà loué un petit appartement en ville, n'ayant pas encore de travail et de véhicule. Je pris immédiatement le chemin de la caserne de pompiers. Les tests à passer étaient physique, très dur, mais j'étais déterminé. Depuis mon plus jeune âge, ce métier m'avait toujours intéressé. Le destin de mon petit frère et ma petite soeur y avait sûrement contribué. Les pompiers intervenaient également sur ce genre d'incident et ce type de métier a toujours besoin de nouveau visage pour protéger les civils des différents problèmes. Les tests passés avec brio, je devenais alors un Sapeur 2ème classe à la Hampshire Fire & Rescue Service. Je pouvais enfin m'imaginer un nouvel avenir, une nouvelle vie..
LUCIDE ♧ PHILANTHROPE ♧ MODESTE ♧ DÉTERMINÉ ♧ RÊVEUR ♧ MÉFIANT
il a sombré dans l'alcool après la perte de sa femme, il va mieux à présent mais fume beaucoup ♗ il fuit l'alcool comme la peste, de peur de rechuter ♗ il n'hésite pas à se soucier de la vie des autres avant la sienne, une des raisons pour laquelle il est pompier ♗ il aime avoir son temps à lui, isolé du reste du monde, pour réfléchir à tout et à rien ♗ sa guitare est l'une des choses les plus importantes pour lui, elle lui permet de garder le moral ♗ il a son petit côté artiste, il joue beaucoup de guitare mais a déjà essayé différentes formes d'arts, comme la peinture ♗ ayant beaucoup vécu seul, il s'est mit à la cuisine, aujourd'hui il se débrouille plutôt pas mal ♗ il prend soin de son apparence, chaque matin il passe pas mal de temps à se préparer ♗ il tient à garder sa forme, pour lui-même mais aussi pour son travail. Chaque matin il court une heure et fait du sport dés qu'il le peut