Il s'agissait d'une histoire de meurtre. Un jeune homme étranglé à l'aide de sa cravate présentait d'étrange hématomes sur les avants-bras et sur le bas du dos, son visage avait été lacéré à quelques endroits et tout portait à croire qu'il avait été abusé sexuellement avant d'être tué. Une histoire sordide sur laquelle on avait préféré envoyé Keyne, journaliste hors-pair au sang-froid hors-du-commun. En débarquant sur place, il ne fut pas étonné d'y retrouver toute la flicaille de Winchester et s'attendait à être reçu à coup de pieds au cul lorsque son regard croisa celui du flic officiant. Un simple coup d'œil suivi d'un sourire. Swann s'avançait déjà vers lui. "Je peux vous être utile ?" "Keyne, journaliste. J'aurai quelques questions à vous poser Monsieur..." "Swann Asteria." Un nouveau sourire et le charme opérait déjà entre eux. Au loin, la coéquipière de l'officier semblait s'impatienter. "Ecoutez, là j'ai pas vraiment l'temps de m'occuper de vous. Mais laissez moi votre carte et je vous rappellerai." Une manière comme une autre de garder contact, sûrement. Toujours est-il que Keyne lui donna une carte sans demander son reste. {...} Quelques jours plus tard, comme promis, ils se revirent pour un interview exclusif dans lequel Swann délestait quelques informations sur le crime sans trop en dire non plus. Keyne buvait ses paroles jusqu'à ce que... "Et si on parlait de nous maintenant." Il leva les yeux de sa fiche et arqua un sourcil. "Pardon ?" "Je suis flic depuis trop longtemps pour que vous me preniez pour un imbécile. Vous êtes certainement célibataire, tout du moins, tout laisse croire que vous n'avez personne dans votre vie. A la façon que vous avez de me dévisager, je suppose que vous êtes gay, vous aussi. Donc plutôt que de continuer à se chercher sans vraiment oser franchir le pas, que diriez-vous de finir ce verre chez moi ?" Ce fut direct et sans précédent, mais Keyne ne refusa pas l'invitation. Une première fois qu'ils partagèrent dans la plus stricte intimité, une première fois qui ne se révèlerait pas être une dernière fois. {...} Une année plus tard, ils prirent la décision d'habiter ensemble, leur relation devenait de plus en plus sérieuse. Malgré quelques orages, ils vivaient ensemble au jour le jour sans se poser de questions. Trois mois après leur première fois, Swann avait décidé de faire son coming-out auprès de son service et la nouvelle avait été bien prise. Il avait eu la chance de pouvoir présenter Keyne à plusieurs personnes, dont ses collègues, et cette nouvelle relation l'enchantait. Tout allait pour le mieux entre eux. {...} Trois ans plus tard, un peu plus, un peu moins, Swann ne s'en souvient pas. Il rentrait du job, tard. La porte de l'appartement entre-ouverte aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, le tableau de l'entrée sur le sol certainement aussi, toujours est-il que Swann n'avait rien vu venir. Ce soir-là, il se retrouve seul, face à l'un de ses plus anciens démons : l'abandon. Keyne n'est plus là, Keyne est parti. Après plusieurs coups de fils, il réalise que son mec l'a lâchement abandonné. C'est le début de la fin. Pas une seule seconde Swann ne soulève la piste de l'enlèvement, certain que, suite à une récente dispute sur l'infidélité dont il avait fait preuve, son petit-ami l'avait quitté. Une gifle qu'il prend avec très peu de recul, puisqu'instinctivement, c'est un monde tout entier qui s'écroule. {...} Trois semaines plus tard, au job, sa meilleure amie émet la possibilité de l'enlèvement lorsque Swann se décide enfin à lui en parler. Et c'en devient une obsession. Si grande, si puissante, que le jeune flic oublie fréquemment les enquêtes qu'on lui attribue et ne se pointe plus au job lorsqu'on lui demande. Enquêter sur la disparition de son ancien amant, boire pour oublier son absence et font apparition ses troubles de la personnalité. Tantôt violent et agressif, tantôt paumé et alcoolique. C'en est trop, on le libère de ses fonctions avec effet immédiat et Swann est en chute libre, inconscient et incapable de se relever. {...} NOW C'est un début de soirée comme un autre, Swann sort prendre un verre comme d'habitude. Déjà bien entamé, il marche difficilement et ses yeux se perdent souvent dans le vide. Il avance d'un pas plutôt déterminé sans faire trop attention aux passants. Il se grille une cigarette, puis une seconde. Le bar n'est plus très loin. Presque inconscient, il avance à petite foulée et puis, on le bouscule. "P*tain, pouvez-pas faire att..." ses yeux se sont posés dans les siens, et son cœur a manqué un battement. Les idées pas très claires ni très nettes, il retient son souffle le temps de voir sa vision s'éclaircir. Pas possible, il rêve et pourtant. Sa main s'avance vers l'homme qui vient de le bousculer, apparemment tout aussi paumé que lui, le front suintant et la respiration haletante. "Keyne ?" Aucun doute, c'est bien Keyne. Le regard vide et éteint, certes, mais la même jaquette brune et le même jean que la dernière fois où ils se sont vus. Leurs yeux se croisent et Swann perd pied. Six mois viennent de s'écouler, une éternité. "Keyne... p*tain c'est toi ?" L'envie de lui sauter au coup, mais un seul pas en avant et Keyne recule. "Qui... T'es qui toi ? Et... Et je suis où là ?" L'angoisse se lit dans ses yeux, Swann comprend alors ce qu'il se passe. Keyne est bel et bien de retour, mais il a tout oublié ! (plus de précisions pour la suite dans mon message ci-dessous *.*)


A l'époque où Keyne et Swann sortaient ensemble, Hayleen avait eu le plaisir de le rencontrer à plusieurs reprises. Meilleure amie de Swann, elle adorait ce charmant petit couple et s'octroyait le droit de venir leur rendre visite souvent. Keyne était pour elle quelqu'un d'adorable et de gentil, un homme comme on en fait rarement et qui était follement épris de son petit ami. Ne voulant que le bonheur de Swann, elle n'a jamais trouvé à redire sur leur relation et puis, elle s'entendait très bien avec Keyne. {...} Lorsque celui-ci a disparu, elle a été la première à soulever la piste d'un kidnapping. En voyant chuter Swann dans l'alcool et la maladie, elle a commencé à fouiller de son côté, en catimini, sur le passé de Keyne et sur les raisons que pouvaient avoir son ravisseur. Elle ne trouvera rien, néanmoins, pendant six longs mois, elle n'arrêtera pas de chercher. En contre-partie, voyant son meilleur ami plongé, elle ne peut s'empêcher de lui venir en aide d'une manière ou d'une autre. Malheureusement pour elle, perturbé comme il l'est, Swann la repousse sans arrêt. Jusqu'à ce fameux soir où, ivre comme un coin, ils dorment une première fois ensemble. Une habitude qu'ils garderont ensuite... Lui se sent reposé lorsqu'elle est à ses côtés, elle se sent utile et surtout à son aise près de son meilleur ami. {...} Les jours défilent et la relation Hayleen/Swann prend une tournure inespérée. De l'amitié naît une attirance, puis de réels sentiments. Six mois plus tard, elle est la seule à avoir réussi à faire remonter la pente à Swann, sans pour autant l'avoir complètement sauvé... Entre eux, une réelle relation se met en place doucement. {...} Et Keyne débarque... Brusquement, l'homme qu'elle admirait tant autrefois devient un rival. Elle appréhende beaucoup la relation Swann/Keyne même si son amant essaie de la rassurer. Elle essaie de rester zen et de ne se faire aucune inquiétude mais tout porte à croire que la relation Hayleen/Swann souffrira énormément du retour de Keyne.