26 juillet 2001 - Je venais d'enfiler mon plus beau maillot de bain, que maman et moi avions acheté quelques jours plus tôt. J'en étais tellement fière que j'avais fait un défilé dans la maison entière. Je n'avais plus qu'une hâte : aller sauter dans l'eau azure de la piscine fraîchement creusée dans le jardin. Je sautillais d'impatience, je n'avais jamais vraiment su attendre, surtout quand j'étais pressée. Mais mes parents n'avaient pas l'air décidé à venir nous surveiller et se baigner tout de suite. J'insistais plusieurs longues minutes, puis je me dirigeais seule vers la porte fenêtre que je n'eus pas le temps d'ouvrir puisque ma maman m'attrapait par le bras.
"Aleyna, je t'ai dis de ne pas aller t'amuser à la piscine sans nous. Attends un peu !" Je grognais de mécontentement, croisais mes bras frêles contre mon ventre et j'attendais encore. Elle montait les escalier pour aider ma petite soeur à trouver son maillot de bain. J'entendais mon frère marcher dans sa chambre, juste au dessus de moi, et mon père pianoter sur les touches du clavier de son ordinateur. Ni une, ni deux, je sortais dehors, m'approchant de l'immense piscine. Les jouets avec lesquels vous vous étiez amusés hier flottaient encore à la surface. Je m'arrêtais au bord, regardant mon reflet dans l'eau. Je ne savais pas encore très bien nager mais j'ai toujours été téméraire, casse-cou, peut-être un peu trop. Après tout, pourquoi n'arriverais-je pas à nager, hun ? Je prenais mon élan et je sautais dans le bassin. Elle était froide, glaciale même, mais ça faisait du bien. Je me sentais libre ici, sous l'eau. Et puis je me rendis compte que je n'arrivais pas à remonter à la surface, que je commençais à manquer d'air. Je regardais la lumière au dessus de ma tête et je tendais le bras pour l'atteindre, mais j'avais l'étrange impression que je n'y arriverai jamais. Mes poumons me faisaient mal, comme s'ils allaient exploser, mais je tentais de lutter. En vain.. Et j'arrêtais enfin de lutter, je fermais les yeux. Lorsque je les ré-ouvrais, j'étais allongée sur mon lit, mes parents étaient assis à côté de moi et ils avaient l'air inquiets. Je me redressais, lentement, et je m'en prenais une dans la figure. Je l'avais mérité, mais c'était déplaisant. Mais au moins, j'étais en vie.
04 octobre 2007 - Je sortais de chez le coiffeur, accompagnée de ma meilleure amie, une jolie blonde au magnifique sourire. Dire que je n'avais pas de boule au ventre en marchant vers chez moi serait mentir. J'étais même assez terrifiée. Pourtant, me teindre les cheveux en blond me paraissait être une bonne idée, et je n'étais pas déçue du résultat, mais mes parents allaient probablement être moins ravis en me voyant entrer.
"Je suis sûre qu'ils vont aimer Leyna, ça te vas super bien !" Elle essayait de me remonter le moral, parce qu'elle connaissait assez bien mes parents pour savoir qu'ils allaient me passer un savon. Pourquoi avais-je toujours la manie d'agir sans réfléchir aux conséquences ? Je lui souris légèrement. Elle et moi étions amies depuis un peu plus de trois ans maintenant, et je ne pourrai certainement pas vivre sans elle. Arrivées à l'intersection entre sa rue et la mienne, et me fit une accolade avant de déposer un bisou sur ma joue.
"Courage, je suis sûre que ça va aller. On se voit demain, je t'aime." Je hochais la tête en lui faisant un signe de la main. Puis j'avançais vers chez moi. Je prenais une grande inspiration avant d'ouvrir la porte de la maison. Manque de chance, mon frère descendait les escaliers à ce moment là. Il me regardait avec de grands yeux alors qu'un sourire se dessinait au coin de ses lèvres.
"La vache ! T'as voulu essayer de devenir plus jolie ? Papa et maman vont te tuer." Je lui lançais un regard des plus noirs, pour l'inciter à se taire et d'arrêter de parler à haute voix comme ça.
"Ferme là !" Malheureusement pour moi, maman venait dans l'entrée, nous ayant probablement entendu. Elle devait sûrement travailler dans son bureau parce qu'elle avait ses lunettes sur le nez, et ça la rendait tellement sévère ! Elle avait le nez plongé dans un dossier. Dossier qu'elle faillit lâcher quand elle leva le regard vers moi et qu'elle vit ma nouvelle teinture.
"Qu'est ce que c'est que ça ?" demanda t-elle avec son accent italien que j'aimais tant. J'ouvrais la bouche pour m'expliquer mais elle appela mon père avant. Je roulais les yeux en soupirant. Pas besoin d'en faire tout un plat non plus ! Il arriva quelques secondes plus tard et me regarda de la tête au pieds, surpris.
"On te donne trente secondes pour que tu nous explique ton acte, Aleyna." Ils n'avaient pas l'air content, et quoi que je dise, j'allai me faire punir, c'était sûr ! J'avalais ma salive bruyamment avant d'ouvrir ma bouche, mais aucun son n'en sortait. Le truc c'est que je ne savait pas comment leur expliquer. Mon frère, qui était resté là, les bras croisé contre son torse intervînt, à ma plus grande surprise.
"Papa, fallait que je te dise que j'ai rayé la voiture." Je tournais mon visage vers lui, la bouche grande ouverte. Il essayait de sauver ma peau, comme il le faisait si souvent. Le visage de mon paternel vira au rouge. Quelques secondes avant qu'il n'explose. Ma soeur cadette arriva à son tour, me regarda un cours instant et parut comprendre bien rapidement la situation.
"Et c'est moi qui ait cassé le vase de grand-mère, je suis désolée, je n'ai pas fait exprès." J'attrapais discrètement leurs mains, j'avais tellement de chance de les avoir. Nous nous sommes faits punir tout les trois. Mais on était ensemble, pour le meilleur et pour le pire.
18 février 2010 - J'étais assise dans le fauteuil de ma chambre, le regard perdu dans le vide. Ma vie venait de prendre un nouveau tournant dont je me serais bien passée. Je venais d'apprendre que j'étais enceinte. Ça faisait plusieurs semaines que j'avais des nausées, mais j'avais cru que c'était simplement un virus que j'avais attrapé. Quelle idiote ! Maman avait pris un rendez-vous chez le médecin, et il avait été formel : j'avais dans le ventre un fœtus d'environs deux mois. Un bébé de mon petit-ami avec qui je sortais depuis plus d'un an. Mes parents avaient appelé les siens, et ils nous avaient bien fait comprendre qu'ils ne voulaient pas entendre parler de cette histoire. Il ne répondait pas au téléphone ni à mes nombreux messages. J'écoutais mes parents se disputer en bas, dans le salon. Et moi je restais là, de toute façon je ne savais pas quoi faire, j'étais totalement paumée. Mon frangin entra dans ma chambre. Je savais qu'il m'en voulait, et qu'il s'en voulait aussi de ne pas avoir su me protéger correctement. Comme si c'était de sa faute !
"J'en reviens pas que tu sois enceinte." Je levais les yeux au ciel. Personne n'arrivait à y croire, il n'était pas le seul, mais la plus perdue c'était moi, pas lui. Il fermait la porte de ma chambre et s'y adossait en me regardant. Et moi je n'osais même pas le regardais aussi, j'avais bien trop honte.
"Tu vas faire quoi ?" J'en savais rien. C'était mon bébé, mon enfant, le fruit de mes entrailles. Mais fallait que je me rende à l'évidence, je n'étais pas prête à m'en occuper. Je ne manquait pas d'argent, ça non, mais j'étais encore au lycée, le père n'allait pas assumer et mes parents ne me pardonneront jamais si je décidais de le garder.
"J'en sais rien. Je peux pas le garder, j'ai que dix-sept ans. Mais je veux pas avorter, je n'en suis pas capable." Il venait s’asseoir près de moi et passa l'un de ses bras autour de mes épaules. Je posais ma tête sur la sienne tandis qu'une larme chaude roulait sur ma joue.
"Papa et maman veulent m'envoyer chez notre oncle. Ils ont trop peur que ma grossesse nuise à leur réputation." Il essuyait les larmes qui coulait sur ma peau tendre. Mes parents avaient honte de moi, honte de ce que j'avais fait et de ce que je devenais.Et ça me détruisait complètement. Je n'avais jamais été une fille exemplaire, loin de là, mais j'avais toujours fait de mon mieux pour les rendre fiers. Et aujourd'hui tous mes efforts étaient réduis à néant.
"T'aurais pu venir à Cambridge avec moi, mais j'peux pas, j'ai qu'une chambre d'étudiant.." Il avait été pris dans la prestigieuse université de Cambridge, rien de vraiment étonnant, car malgré son côté macho et je m'en foutiste, il était plutôt intelligent.
"Mais je te promets que je serai toujours là pour toi Leyna. Tu auras juste à m'appeler si tu as besoin." Je hochais la tête, avant de fondre en larmes contre lui. Ma vie était un enfer.
05 décembre 2011 - Assise sur une chaise dans une minuscule salle sans fenêtre, les mains menottées, j'attendais que quelqu'un vienne me libérer et me demande de partir. J'avais incroyablement mal à la tête, la pire gueule de bois que j'avais eu jusque là. Je commençais à reprendre mes esprits et à comprendre enfin ce qui se passait, et autant dire que la situation était loin d'être géniale. J'étais au commissariat, dans une salle d'interrogation. Je n'avais pourtant rien fait de mal, si ? En fait je ne me rappelais pas de grand chose. Une jeune-femme entrait dans la pièce. Je la connaissais un peu, de vue du moins. Je crois qu'elle devait être au lycée avec mon frère, ou peut-être l'avais-je déjà croisé dans le quartier. Elle s'assit en face de moi et me regardait, ça me mettais mal à l'aise, il fallait l'avouer. Pour ma part, je me contentais de fixer mes mains attachées l'une à l'autre, me demandant ce qui allait se passer à présent. Mes parents allaient me tuer. J'allais peut-être aussi faire de la prison, qui sait. Silence. Attendait-elle que je parle la première ? Je ne préférais pas risquer de me faire rembarrer, de toute façon je ne savais même pas quoi dire.
"Tu sais pourquoi tu es là ? Tu te rappelles de ta glorieuse soirée ?" demanda t-elle d'une voix froide qui te déplaisait beaucoup. Non, tu ne te souvenais pas encore, tu avais sûrement bien trop bu cette nuit. Tu te rappelle juste avoir passé la soirée dans un bar en compagnie de gens que tu ne connaissais même pas avant, que tu avais bu plusieurs verres, mais après, plus rien.
"Etat d'ivresse sur la voie publique, ainsi qu'ivresse au volant, ça te rappelles quelques chose ?" Elle allait te parler sur un autre ton, oui ? Elle te rappelait ta mère lorsqu'elle te faisait la morale. Et puis, pouvait-elle parler un peu moins fort, tu avais l'impression que ta tête allait exploser. Mais maintenant qu'elle en parlait, tu te rappelais un peu du reste de ta soirée, et effectivement tu avais fait quelques conneries, mais rien de très grave non plus selon toi.
"Écoutes, je suis persuadée que tu es une fille bien, alors tu devrais arrêter de faire n'importe quoi avant de le regretter." continuait-elle. Tu relevais alors le visage vers elle, tu l'observais sans rien dire, parce que tu cherchais tes mots, tu essayais de te contenir pour en pas hurler tout ce qui te passait par la tête à ce moment là. En vain.
"Vous ne me connaissez pas, ok ? Vous ne savez pas si je suis une fille bien ou pas." Il fallait absolument que je me calme et que j'arrête de hurler, ce n'était pas bon pour mon cas, il ne fallait pas que j'oublies que je m'adressais à un flic. Mais au fond, je n'en avais rien à faire de me faire arrêter, incarcérer, ou même tuer. Ma vie n'avait plus aucun sens depuis plusieurs mois, depuis la naissance de mon fils.
"Je ne suis qu'un monstre.." chuchotais-je d'un souffle. Après la colère, je ressentais de la tristesse, de la souffrance même. Oui, j'étais un monstre : j'avais abandonné mon enfant. J'avais fait ça pour son bien, pour qu'il grandisse avec des parents qui sauraient s'occuper de lui, mais ce geste me répugnait. Depuis j'osais à peine me regarder dans un miroir tant je me détestais. C'est pour cette raison que je foutais ma vie en l'air ces derniers temps : pour me punir, parce que j'étais persuadée que je ne valais plus rien. La jeune-femme en face de moi me regardais avec pitié, et avec compréhension, comme si elle savait, mais ce n'était pas le cas. Elle se levait, venait me retirer mes menottes et me regardait.
"Quelqu'un va te ramener chez toi, on ne va pas aggraver les choses. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta vie, mais je suis sûre que tu culpabilise pour rien." Je me levais en frottant mes poignets endoloris. Puis je la regardais d'un air gratifiant, car elle m'évitait pas mal d'ennuis et je lui en étais reconnaissante.
"Ne me fais pas regretter mon geste." Je hochais la tête, signe de compréhension. Pas sûre que je puisse tenir cette promesse très longtemps, mais j'allais essayer. Je me dirigeais vers la porte de la pièce.
"Et si tu as besoin de parler.. Tu sais où me trouver."04 décembre 2013 - Je venais tout juste d'emménager dans mon nouveau "chez moi". J'allais enfin pouvoir commencer une nouvelle vie, libre, comme si j'avais la possibilité de tout reprendre à zéro. Du moins c'est l'impression que j'avais. J'avais décidé quelques mois plus tôt de prendre mon indépendance, que je voulais partir de chez mes parents. Et puis après tout, ce n'était pas comme si tu déménager à l'autre bout du monde, tu restais quand même à Winchester, à dix minutes de la maison de ton enfance. J'étais en train d'accrocher plusieurs photos sur les murs blancs de ma nouvelle chambre. Parmi elle, une photo de mon fils, la seule que j'avais. Elle datait de la maternité, c'est une sage-femme qui l'avait prise pour moi. Je la regardais quelques instants, songeuse, souriante aussi. Je m'étais enfin faite à l'idée que j'avais fait le bon choix, même si j'avais encore parfois du mal à l'assumer. Je finissais de tapissais l'espace au dessus de mon lit avec toutes les photos qui te tenaient le plus à cœur. Puis je regardais le travail, assez fière de moi-même.
"Pas mal, mais ça manque de photos de moi." Un grand sourire s'étira sur mes lèvres rosées. Je me retournais vers ma meilleure amie qui venait d'entrer dans la chambre. Elle regardait autour d'elle, un sourire au coin des lèvres. Je savais qu'elle allait vouloir ajouter son grain de sel à ma décoration. Et je la laisserai faire, sans aucun doute, parce qu'elle avait de bien meilleurs goûts que moi en la matière.
"J'arrive toujours pas à me rendre compte qu'on a notre appartement, rien qu'à toi et moi. C'est dingue !" dis-je en me laissant tomber sur mon matelas, tandis que la jolie blonde vînt me rejoindre. On avait toujours été là l'une pour l'autre. Elle m'avait soutenu dans les épreuves les plus dures de ma vie, comme pour ma grossesse, et j'en avais fait de même pour elle. C'était donc pour nous totalement normal de s'installer ensemble, en colocation. On en rêvait toutes les deux depuis qu'on était petites, et ça faisait des années qu'on en parlait. Aujourd'hui on en avait enfin eu l'occasion. Nos parents avaient accepté notre demande et nous avaient aidé à payer une partie du loyer, exceptionnellement avaient-ils dit. Ils voulaient aussi que l'on travaille pour garder ce que l'on avait. Mais ça ne nous dérangeait absolument pas. On allait forcément s'en sortir. À deux on avait toujours été imbattables, et on le sera toujours. Ma meilleure amie me sourit. À ce moment là j'avais l'impression que plus rien ne pouvait m'atteindre. Ma nouvelle vie commençait, et peut-être que la nouvelle Aleyna allait finir par montrer le bout de son nez également.
"Spaghetti bolognaise, ça te convient pour fêter notre nouvelle vie ?" demanda t-elle en riant. Je la regardais en éclatant de rire moi aussi. Aucune de nous n'était bonne cuisinière, alors on était mal barrées. On risquait de manger des pâtes souvent.
"C'est moi la spécialiste des pasta, laisse moi faire !" répondis-je alors en me levant. La vie en colocation s'annonçait bien. Et à ce moment là j'étais heureuse, pour la première fois depuis longtemps.
TÊTUE ♧ CASSE-COU ♧ SPORTIVE ♧ COMPRÉHENSIVE ♧ RANCUNIÈRE ♧ SOLITAIRE
Lorsqu'elle était petite elle était un peu "l'enfant terrible" de la maison, toujours la première a faire des bêtises. ♗ Elle déteste se lever tard, elle préfère nettement profiter de la matinée pour aller courir ou faire ce qu'elle a à faire. ♗ Lorsqu'elle s'ennuie, qu'elle est stressée, en colère ou triste, elle ne peut s'empêcher de manger des sucreries. ♗ Elle n'est pas du genre à chercher à s'habiller à la mode et encore moins à se faire aimer de tout le monde. ♗ Elle fronce le nez lorsque quelque chose la répugne, et fronce les sourcils lorsqu'elle est en colère ou quand quelque chose lui déplaît. ♗ Elle est toujours prête à faire de nouvelles expériences, ce qui a souvent tendance à lui apporter quelques ennuis. ♗ Lorsqu'elle n'a rien de prévu, elle passe ses week-end en pyjama et passe toute la journée devant des séries télévisées. ♗ Elle est très tactile et adore les câlins et les bisous, surtout ceux de ses proches. ♗ Elle n'est pas du genre à se dévoiler, à parler d'elle, au premier venu. Elle est en fait un peu discrète quand il s'agit de sa vie privée. ♗ C'est une bosseuse, elle sait parfaitement qu'on ne peut rien avoir sans travailler. ♗ Il lui ai déjà arriver de se dénoncer pour des choses qu'elle n'avait pas faite pour protéger ses frangin(e)s. ♗ Elle n'a jamais fumé, ne s'est jamais droguée, et tient assez bien l'alcool. ♗ Elle a une phobie de l'eau depuis qu'elle a faillit se noyer dans la piscine familiale lorsqu'elle avait huit ans. ♗ Elle n'est pas du tout pudique, ça ne la dérange pas de se balader en sous-vêtements devant tout le monde. ♗ Malgré son apparence froide et je m'en foutiste, elle s'attache très vite aux gens.